Après quinze jours intenses de compétition, c’est Rafael Nadal et Iga Swiatek qui ont remporté le tournoi des Internationaux de France 2022. Une habitude pour l’Espagnol, désormais titré à 14 reprises Porte d’Auteuil, et pour la Polonaise de 20 ans, déjà lauréate pour la deuxième fois à Paris après 2020. Il est désormais l’heure de dresser, 48 heures après la fin du tournoi, un premier bilan de cette édition.
♥ On a aimé
✔ Les bonnes performances des Français(es)
Avec le forfait de Gaël Monfils, le tennis tricolore était sans doute privé de sa meilleure chance d’aller le plus loin possible dans le tableau masculin. Finalement, nous avons eu d’agréables surprises au cours de ce Roland-Garros. A commencer par Gilles Simon, qui avait annoncé quelques jours auparavant mettre un terme à sa carrière à la fin de l’année en cours. Ce Roland 2022 était donc son dernier. Pas verni au tirage puisqu’il a hérité de la tête de série 16 Pablo Carreño-Busta, “Gilou” réalise une performance incroyable et s’en sort à 1 heure du matin en cinq manches et au bout de l’effort sur un Court Simonne-Mathieu en ébullition. Finalement stoppé au troisième tour par le futur demi-finaliste Marin Cilic, il a fait chavirer les cœurs français une dernière fois. On notera aussi le come-back de folie de Hugo Gaston, mené 3-0 dans le cinquième set par Alex De Minaur, tête de série 19, avant de s’imposer au super tie-break du cinquième.
Dans le tableau féminin, il est vrai que nous ne nous attendions pas à voir Léolia Jeanjean rallier le troisième tour. Ancien grand espoir du tennis féminin, la Montpelliéraine titulaire d’une Wild Card disputait son premier Grand Chelem à 26 ans et a fait honneur à celle-ci: après avoir remporté en deux sets son premier tour face à Nuria Parrizas-Diaz, elle a donné une leçon de tennis à Karolina Pliskova, pourtant dans le top 10 (7ème), lors de la rencontre suivante (6/2, 6/2). Eliminée ensuite par Begu, elle aura gagné une popularité qui pourra désormais lui permettre de grimper les échelons au classement en enchaînant les tournois. Quant à Diane Parry (19 ans), elle a littéralement renversé le Court Philippe-Chatrier et la tenante du titre Barbora Krejcikova avec. Menée 6/1, 2/0, la Niçoise lâche ses coups et remonte son handicap pour le plus grand bonheur des spectateurs. Elle s’imposera en trois sets avant de dominer la Colombienne Osorio. Finalement, c’est Sloane Stephens qui aura raison d’elle au troisième tour. Merci pour ces belles émotions, les filles !
⭐ Du spectacle, encore du spectacle !
Comme très souvent, Roland-Garros a offert aux amoureux du tennis des rencontres d’anthologie. En dépit de l’abolition de la règle des deux jeux d’écart dans l’ultime manche, remplacée par un super tie-break allant jusqu’à 10 points dans ce cas de figure, certaines rencontres resteront dans l’histoire du tournoi. Dans le tableau masculin, nous retiendrons l’énorme combat mené par Jo-Wilfried Tsonga face à Casper Ruud pour son dernier match en carrière, le deuxième tour énorme entre Stefanos Tsitsipas et le Tchèque Kolar finalement remporté par le Grec en 4 heures (6/3, 7/6, 6/7, 7/6) ou encore la rencontre entre Rafael Nadal et Félix Auger-Aliassime en huitièmes. Pour nous, le meilleur match de cette quinzaine parisienne restera le quart de finale mémorable entre Carlos Alcaraz et Alexander Zverev qui a vu l’Allemand triompher en quatre manches d’un combat incroyable ponctué par un tie-break titanesque pour conclure la partie (6/4, 6/4, 4/6, 7/6).
Chez les femmes, il y a également eu des rencontres accrochées, comme le troisième tour entre Madison Keys et Elena Rybakina remporté 7/6 au troisième par l’Américaine. Jil Tecihmann a réussi à renverser Victoria Azarenka au même stade de la compétition pour le même résultat (4/6, 7/5, 7/6 pour la Suissesse). Leylah Fernandez a résisté à Belinda Bencic (7/5, 3/6, 7/5). Il est néanmoins difficile de ressortir une rencontre plus qu’une autre, mais certaines empoignades sont restées accrochées jusqu’au bout, ce qui a fini par coûter cher à Teichmann, complètement épuisée après son match face à Azarenka et impuissante en huitièmes de finale face à Sloane Stephens, où elle n’a marqué que trois petits points dans un deuxième set perdu 6/0.
🎾 Le fair-play de Casper Ruud
Finaliste dans la tableau masculin après un parcours semé d’embûches (un seul match gagné en trois sets), le Norvégien n’aura pas fait parler de lui que pour son talent de tennisman sur le court, mais également pour son attitude appréciée par le public et ses adversaires. A la fin de son premier tour remporté non sans combattre face à un Tsonga accrocheur, Ruud a salué au micro du Court Philippe-Chatrier la carrière du Manceau, en n’oubliant pas de mentionner à quel point le Français a pu être une source d’inspiration pour une bonne partie de la nouvelle génération (on rappellera que Tsonga est l’idole du Canadien Félix Auger-Aliassime, qu’il adorait regarder dans sa jeunesse). “Je ne veux pas gâcher ton moment”, avait-il dit le sourire aux lèvres à son adversaire du premier tour.
Un peu plus tard dans le tournoi, précisément en quarts de finale face à Holger Rune, la tête de série 8 de ce Roland-Garros a corrigé certaines décisions arbitrales à de nombreuses reprises, n’hésitant pas à mettre le pied sur la ligne afin d’effacer la trace, signe traditionnel signifiant qu’une balle n’a pas franchi les limites du court. Un comportement qui a été applaudi par les spectateurs. Sur terre battue, il peut y avoir des litiges puisque les arbitres de chaise et les joueurs peuvent parfois être en désaccord sur une marque. Avec Ruud, cela n’arrive jamais, et tout au long du tournoi, il aura eu une attitude exemplaire, en ne se plaignant jamais (si ce n’est de son niveau de jeu à certains moments, mais rien de bien grave). Un bonheur.
💔 On n’a pas aimé
❌ Le comportement parfois limite de certains joueurs
Comme souvent, les joueurs et les joueuses ont cherché à extérioriser leur frustration. Si nous pouvons comprendre que quelques raquettes soient cassées, il ne faudrait pas que cela aille plus loin. Malheureusement, deux joueurs en particulier n’ont pas eu une attitude appropriée Porte d’Auteuil. Holger Rune disputait son premier quart de finale en Grand Chelem. Opposé à Casper Ruud, c’était pour ce jeune Danois de 19 ans l’occasion de montrer son potentiel. Tactiquement, il a proposé des choses intéressantes par moments mais ce qui reste de ce match est le clash entre les deux joueurs. Agacé par les demandes de Rune de demander à l’arbitre de descendre vérifier la trace des balles après chaque point ou presque, Ruud s’en est pris à ce dernier, estimant qu’il n’avait pas à contester à chaque fois (d’autant que le Norvégien lui avait sportivement donné deux ou trois fois le point auparavant). Ce à quoi le plus jeune des deux a répondu “Tais-toi”. La poignée de main fut tout aussi fraîche. Durant le match, Holger Rune s’en est également pris à sa famille venue voir son match. Mais il a fini par expulser sa mère de son “box”, avant que celle-ci ne revienne finalement.
Dans le tableau féminin, c’est Irina-Camelia Begu, Roumaine de 31 ans, qui aurait pu (dû ?) être disqualifiée pour un jet de raquette. Malmenée par la Russe Ekaterina Alexandrova au deuxième tour, Begu, menée un set à zéro, a fini par s’en prendre à sa raquette. Le problème, c’est que les deux joueuses évoluaient sur le court numéro 13, qui n’est pas très grand. Ainsi, lorsque Begu a jeté sa raquette, elle a terminé sa course… tout droit dans les gradins, heurtant un jeune garçon assistant à la rencontre. Pas de disqualification, et elle a même fini par gagner le match, ce qui n’a bien sûr pas plu du tout à son adversaire. Sanctionnée d’une amende de 10.000 dollars, la 44ème joueuse mondiale a miraculeusement échappé au pire et même si elle a passé un petit moment avec le spectateur qu’elle a touché après son match, le mal était déjà fait. On se souvient de la disqualification de Novak Djokovic en huitièmes de finale de l’US Open en 2020 pour un geste également involontaire. Nous pouvons ainsi nous demander pourquoi la Roumaine n’a pas eu droit à la même sanction. Finalement, elle s’est inclinée au quatrième tour face à Jessica Pegula.
🎾 L’irrégularité dans le simple dames
Suite à la retraite de Barty, une grande favorite se présentait Porte d’Auteuil: Iga Swiatek. La Polonaise a fini par tenir son rang et a soulevé son deuxième trophée à Roland-Garros. Cependant, beaucoup de joueuses ont échoué à atteindre la deuxième semaine, mettant assez vite fin au suspense du tableau féminin tant Swiatek a tout écrasé sur son passage. Si certaines joueuses ont déclaré forfait pour le deuxième Grand Chelem de la saison (la finaliste en titre Anastasia Pavlyuchenkova, Serena Williams, Elina Svitolina ou encore Marketa Vondrousova), il y avait du beau monde pour tenter de concurrencer la numéro 1 mondiale, mais la plupart ont vraiment déçu.
Dès le premier jour, Ons Jabeur (n°6), victorieuse du tournoi de Madrid, s’avançait comme l’une des rares joueuses pouvant lutter face à Swiatek. Cependant, la Tunisienne s’est pris les pieds dans le tapis pour son premier match du tournoi face à une autre polonaise, Magda Linette (3/6, 7/6, 7/5). Quelques heures plus tard, Garbiñe Muguruza (n°10) s’inclinait à son tour face à Kaia Kanepi (2/6, 6/3, 6/4) puis le lendemain, Barbora Krejcikova (n°2), tenante du titre, tombait de haut face à Diane Parry (1/6, 6/2, 6/3). Le même jour, c’était au tour d’Anett Kontaveit (n°5) de quitter prématurément la capitale française, battue par Tomljanovic (7/6, 7/5). Au deuxième tour, on notera les éliminations surprises de Simona Halep (n°19), qui revient certes de blessure, mais qui avait largement de quoi faire pour battre Zheng, de Maria Sakkari (n°4), qui a subi la foudre de Karolina Muchova et de Karolina Pliskova (n°8), humiliée par Léolia Jeanjean (6/2, 6/2).
Au troisième tour, difficile en revanche de blâmer Paula Badosa (n°3), qui a abandonné face à Kudermetova. En revanche, Angelique Kerber (n°21) n’a pas su saisir sa chance face à Sasnovich (6/4, 7/6). Au final, très peu de têtes de série ont répondu présent, ce qui a ouvert la porte à trois novices en demi-finales. En effet, Cori Gauff, Daria Kasatkina (têtes de série) et Martina Trevisan n’avaient jamais atteint ce stade en Grand Chelem. Un cadeau pour Iga Swiatek, qui ne s’est pas faite prier pour glaner un deuxième tournoi majeur à seulement 20 ans.
🤕 La blessure de Zverev
Le combat s’annonçait épique, immense. Employez tous les qualificatifs que vous voulez. Après 3 heures 10 de jeu, Rafael Nadal et Alexander Zverev n’avaient même pas terminé le deuxième set de leur demi-finale. Dans une ambiance incroyable, les deux joueurs se livraient un bras de fer de légende qui n’a malheureusement pas pu aller à son terme. A 7/6, 6/6, l’Allemand, qui tentait de réaliser un coup droit en bout de course, se tordit violemment la cheville droite. Après un instant de silence, l’ensemble des acteurs ne pouvait qu’être impuissant face aux cris de douleur qui font froid dans le dos encore aujourd’hui. Evacué en fauteuil roulant, Zverev sera finalement de retour une dizaine de minutes plus tard, se présentant en béquilles et sous une ovation du Philippe-Chatrier. Un triste épilogue pour une rencontre qui aurait certainement été dans le top 3 des plus gros matchs de l’Histoire à Roland-Garros voire en Grand Chelem.
C’est donc en béquilles que Zverev, au bord des larmes, a salué les spectateurs du court central, avant de s’éclipser, suivi par Nadal qui l’a aidé à prendre ses affaires. Une image rarissime, encore plus à ce niveau-là de la compétition en Grand Chelem. Sur les réseaux sociaux, Alexander Zverev a tenu à rassurer sur la nature de sa blessure, même si on ne connaît pas encore les résultats de ses examens. La presse évoquait ces dernières heures une absence de 6 à 8 semaines pour le finaliste de l’US Open en 2020, qui va évidemment rater Wimbledon et peut-être le Grand Chelem à Flushing Meadows à la fin de l’été. En attendant, le numéro 3 mondial va devoir entamer sa rééducation pour revenir le plus vite possible sur les courts.